Les outils de surveillance encouragent les expulsions locatives ?

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Avez-vous déjà entendu parler de la Proptech ? Il s’agit d’une industrie technologique bien précise destinée à la gestion des biens immobiliers. D’ici 2024, elle devrait tout de même peser plus de 86 milliards de dollars d’après les économistes, notamment grâce à la surveillance numérique des immeubles résidentiels. Si ce secteur vise à améliorer la vie des habitants avec davantage de sécurité, le média américain Vice indique que ces solutions sont aussi de plus en plus vendues aux propriétaires dans le but de surveiller leurs locataires, et de trouver des prétextes pour augmenter les loyers ou pour les expulser. C’est en tout cas la promesse affichée par l’entreprise Teman. « Vous pouvez augmenter les loyers à New York ! » peut-on lire dans un mail promotionnel adressé aux propriétaires. Cette entreprise qui fabrique des systèmes de surveillance pour les immeubles d'habitation, encourage clairement les propriétaires à utiliser ses produits automatisés pour identifier les locataires violant leur bail afin de les expulser ou d'augmenter leurs loyers. Dans ce même message, l’entreprise invite les propriétaires à utiliser ses outils pour cite « attraper un locataire » qui sous-louerait son logement (via Airbnb par exemple) ou qui organiserait des fêtes un peu trop bruyantes. Dans le détail, Teman commercialise des interphones intelligents sous la marque GateGuard. Il s'agit d'une sorte de concierge virtuel utilisant la reconnaissance faciale pour déverrouiller la porte d'entrée du hall d’immeuble. Autre outil, SubletSpy, qui combine intelligence artificielle et reconnaissance d'images pour indiquer aux propriétaires si leurs locataires sous-louent, ou s'il y a des entrées non autorisées. On s’éloigne donc un petit peu de la promesse de sécurité initiale pour basculer vers de l’intrusion pure et dure dans la vie privée. À ce propos, le président de l’entreprise Ari Teman explique à Vice que ses outils de proptech ne sont utilisés que dans un but sécuritaire. Je le cite « nous ne suivons que les entrées et ne surveillons pas le reste du bâtiment. Gateguard et SubletSpy permettent aux agences immobilières et aux propriétaires de voir si un logement est inhabituellement fréquenté, comme le serait un point de vente de drogue ou un squat illégal » fin de citation. Ceci dit, si l’on remonte un peu le fil de ses réseaux sociaux, Ari Teman se targuait sur LinkedIn en 2018 d’avoir permis l'expulsion de plus de 600 locataires en 2 ans avec ses outils. Pour Erin McElroy, chercheuse à l'AI Now Institute de l'Université de New York, je la cite « ces systèmes entretiennent une certaine paranoïa [et peuvent faciliter] les expulsions et la gentrification » fin de citation. À noter également que d’après l'American Civil Liberties Union, les locataires noirs seraient deux fois plus ciblés par les demandes d'expulsion aux Etats-Unis. Pour l'instant, la proptech ne s’est pas encore installée en Europe. En France, la CNIL que les caméras de sécurité ne doivent servir qu'en cas d'incident et ne peuvent donc pas être utilisées à des fins de surveillance des habitants. Learn more about your ad choices. Visit megaphone.fm/adchoices

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