Lydie Salvayre (2/3)
Bookmakers - A podcast by ARTE Radio - Wednesdays
Remise de médaille Bookmakers #14 - L’écrivaine du mois : Lydie SalvayreNée en 1948, Lydie Salvayre vit et écrit dans un village du Gard où se trouve un châtaigner sous lequel elle aime « refaire le monde et dire des bêtises pendant des heures entre copains ». Sacrée du Goncourt en 2014 pour « Pas pleurer » (Le Seuil), cette ancienne psychiatre a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, parmi lesquels « La compagnie des spectres » (1997, prix Novembre, diatribe éruptive contre les saloperies du régime de Vichy, vendu à 85 000 exemplaires) ou le bouleversant « Marcher jusqu’au soir » (Stock, 2017), récit de sa nuit devant « L’Homme qui marche » de Giacometti, prétexte au dévoilement de l’ombre inexpliquée de toute sa bibliographie : son père. À la rentrée 2021, elle a publié « Rêver debout », ode à « l’insurrection permanente » de Don Quichotte. Pour elle, « écrire sans colère ou révolte est inconcevable ». En partenariat avec Babelio. (2/3) Remise de médailleDans « Rêver debout », son dernier livre écrit « en un mois et demi » et sorti à la rentrée aux éditions du Seuil, Lydie Salvayre déclare sa flamme à l’auteur espagnol de « Don Quichotte », saluant au passage la façon dont Cervantès « règle leur compte à tous ces écrivains qui débitent des livres comme si c’était des beignets (…) balayant d’un même coup de torchon (…) les littérateurs fielleux qui n’excellent que lorsqu’ils découvrent les défauts des autres (…), les faiseurs de rimailles qui sucrent leurs poèmes de pétales de rose, d’aurores nimbées d’or, de tendres oisillons et autres mièvreries de la même mélasse (…) et très spécialement les écrivains qui, pour fournir un peu de densité au néant de leurs pages, les tartinent d’Écriture sainte. » Lydie convie ensuite d’autres moulins à vent au bal des imposteurs, raillant par exemple « les auteurs révoltés quémandeurs de bourses d’État, les biographes fouille-poubelles, les habiles qui romancent le malheur des autres pour attendrir le cœur de leur clientèle nantie » ou encore « les belles âmes qui font leur miel d’un fait divers bien saignant ». Avec cette élégante précaution : « Je préfère ne pas allonger la liste, de peur de m’y retrouver. » Mais alors, qu’a-t-elle écrit, parmi plus d’une vingtaine d’ouvrages en trois décennies de publications ? Elle qui compose ses romans… calfeutrée dans son lit ? Elle qui ne rouvre jamais ses bouquins une fois terminés ? Dans le désordre, car Salvayre aime ça : une farce cruelle exceptionnelle, « La Médaille », qui dénonce les mécanismes de domination d’un patronat post-orwellien ; un « Hymne » à la musique « brûlante » et au « désir de bataille » de Jimi Hendrix ; un délicieux « Petit traité d’éducation lubrique » destiné à instruire « les analphabètes du sexe » ; ou encore « Famille », huis clos meurtrier de 39 pages sur un grand garçon parano coincé entre des parents rudes et les chaînes d’info en continu, dont une première version fut publiée en 2002 et qui vient de reparaître aux éditions Tristam.Sellons nos ânes et nos chevaux. Dans ce deuxième épisode, l’Ingénieuse fille d’Hidalgos entraîne encore, à 73 ans, nos âmes au combat. Enregistrements : septembre 2021 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Trompette : Valentin Pellet - Lectures : Anne Steffens - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch - Trompette : Valentin Pellet